Le judaïsme au Québec

Pendant toute la durée du régime français, la seule religion officielle de la Nouvelle-France était le catholicisme, et les non-catholiques n’avaient pas le droit d’y séjourner ou de s’y établir. Dans les faits, on cherchait à exclure les huguenots et les juifs.

C’est après la chute du régime français que des juifs commencent à s’établir au Québec et au Canada. En 1768, on inaugure à Montréal la première synagogue au Canada, qui est de rite sépharade, et en 1778, une première synagogue est inaugurée dans la ville de Québec. 

Ezechiel Hart

Ezekiel Hart
Ezechiel Hart

En 1806, un juif, Ezechiel Hart, est élu à la Chambre de l’Assemblée du Bas-Canada, mais bien qu’il sera élu à deux reprises par ses concitoyens, il ne pourra y siéger parce que, partout dans l’empire britannique, on interdit aux juifs de siéger en tant que députés. Finalement, en 1832, les juifs se verront accorder les mêmes droits politiques et sociaux que tous les citoyens du Bas-Canada. 

C’est à Montréal en 1897 qu’apparaît, en anglais, le premier journal juif de tout le Canada, le Canadian Jewish Times. Ce sera aussi à Montréal qu’ouvrira la première bibliothèque juive de tout le Canada, en 1907.

La croissance de la population juive au Québec est lente. Ainsi, en 1871, on recense seulement 500 juifs dans la province de Québec. L’arrivée de nombreux immigrants en provenance de l’Europe de l’Est, vers la fin du XIXe et le début du XXe siècle, entraînera un accroissement considérable de la population juive, qui passera de 7000 personnes en 1901 à 60 000 en 1931. Jusqu’à ce moment-là, la plupart des juifs étaient de tradition ashkénaze et de langue yiddish; ils tâcheront d’ailleurs de garder cette langue vivante dans leur communauté. Ces immigrants juifs seront à la source d’une grande activité économique et sociale.

Des craintes pour l’identité catholique du Québec et pour la langue française (les juifs étaient scolarisés dans les écoles protestantes majoritairement anglophones) alimentent le développement d’un certain antisémitisme qui, à son tour, incite le gouvernement canadien à adopter une attitude moins ouverte à l’égard de l’immigration juive entre 1920 et 1940. Tout cela amènera les communautés juives à définir leurs propres espaces sociaux, au point où l’on pourra les considérer comme la troisième solitude. L’Holocauste contribuera à un accroissement de l’immigration juive vers le Canada et le Québec jusqu’à la fin des années 1940. 

Les années 1950 voient l’arrivée d’une vague d’immigration juive en provenance surtout de l’Afrique du Nord. Il s’agit de juifs sépharades qui parlent français, ce qui apporte un changement dans le discours de la communauté juive et dans la perception qu’en a la société québécoise. La fin du XXe siècle verra l’arrivée de juifs de l’ex-URSS et d’autres pays, comme l’Argentine et Israël.

Finalement, il faut mentionner la communauté hassidique, concentrée surtout dans le quartier Outremont de Montréal. Elle est caractérisée par une volonté très accentuée de maintenir ses traditions et ses modes de vie propres, et par le fait d’avoir peu de contacts avec le monde avoisinant. 

La communauté juive du Québec compte actuellement 93 000 personnes, dont 20 000 de tradition sépharade, 10 000 hassidique et 63 000 ashkénaze.

Source : Ira Robinson, Introduction à l’histoire de la communauté juive du Québec.

Ce contenu a été mis à jour le 3 août 2022 à 22 h 19 min.