Le patrimoine religieux comme élément de conflit et de médiation interculturelle

Le patrimoine religieux peut être à la fois un lieu de conflit et de médiation interculturels. Solange Lefebvre l’exprime ainsi :

« Les dimensions les plus fondamentales constituant un groupe culturel sont la langue et la religion. Ces deux piliers de la culture et de l’identité participent profondément, par l’entremise de leur conservation et de leur protection, au maintien du sens de l’identité et du lien culturel. En même temps qu’ils sont partagés par une communauté, ils peuvent s’avérer un facteur de « distinction » à l’égard de l’autre, et même un facteur de division. Le fait que l’ultime « insulte » à un groupe culturel s’exprime souvent par la « profanation », soit d’un lieu de culte, soit d’un cimetière, renvoie à ces enjeux. Aussi, le « patrimoine religieux », entendu ici surtout au sens matériel (lieux de culte, objets, œuvres d’art), fait-il souvent barrière aux échanges véritables entre personnes de cultures et/ou de religions différentes. On n’entre pas aisément dans le lieu de culte d’une communauté à laquelle on n’appartient pas : le commun rattache ces lieux à la séparation classique entre le sacré et le profane, le sacré étant conçu comme l’intouchable. Si bien que dans les relations multiculturelles ou interculturelles, on a peu évalué à quel point la séparation religieuse, dans le patrimoine ancien ou récent, crée divers clivages et alimente le racisme. Certes, ces clivages concernent les différentes religions, mais aussi les différentes communautés ethniques à l’intérieur d’une religion ou d’une dénomination commune. Ces clivages sont plus ou moins implicites ou explicites. »

Source: Lefebvre 2009

Ce contenu a été mis à jour le 10 août 2022 à 19 h 09 min.