Respect et mise en valeur de la sacralité
Selon Solange Lefebvre, le patrimoine religieux doit être abordé en tant que mémoire, support et médiation de l’expérience et de la foi religieuses. Les lieux et objets du patrimoine, même quand ils deviennent commémoratifs ou historiques, conservent des significations profondes et sont des canaux de transmission religieuse, culturelle et éthique.
Maxime Allard questionne d’abord le sens de l’expression « patrimoine religieux », en lui préférant celle de patrimoine de religieux et de religieuses de communautés religieuses. Il se demande ensuite pourquoi un État laïc devrait s’intéresser à la transmission du patrimoine religieux. Il apporte une analyse historique dans laquelle il montre que la constitution de l’immobilier en tant que patrimoine religieux s’est produite au moyen-âge, seuls les objets reliés au culte étant auparavant considérés comme éléments du patrimoine. Il considère aussi que la transformation des lieux et des objets religieux en patrimoine implique un processus de « désactivation » de ce qui en faisait précisément des lieux ou des objets religieux ou sacrés. Il se demande aussi pourquoi une communauté religieuse devrait vouloir muséifier – et, en conséquence, mettre hors d’usage, un usage religieux et donc aussi social – ce qui aurait été un lieu ou un objet de vie religieuse.
De son côté, Christine Cheyrou réfléchit, à partir de l’expérience des pratiques muséales du monastère des Ursulines de Québec, sur les ressemblances « liturgiques » entre ces pratiques muséales et celles proprement religieuses. En se concentrant sur le rôle de la sacristine, une personne qui doit réunir des qualités spirituelles profondes avec certaines qualités personnelles reliées à ses tâches, elle voit que ses obligations ressemblent à différents points aux règles d’inventaire et de conservation propres à des musées d’art et de patrimoine religieux. Elle signale que dans le cas du Musée des Ursulines de Québec, le musée est le prolongement de la sacristie et le conservateur est le collègue de la sacristine, puisque dans ce cas précis, la muséographie du sacré a puisé des espaces et des décors dans le cadre et l’atmosphère des lieux de culte. Le musée devient alors un conservatoire du sacré, par le fait qu’il emprunte plusieurs de ces paramètres aux lieux de culte. Elle finit par affirmer clairement que si la sacristine et le conservateur sont tous les deux des gardiens de la sacralité, seulement le prêtre en est le vrai médiateur.
Sources : Lefebvre 2009, Allard 2009, Cheyrou 2009.
Ce contenu a été mis à jour le 10 août 2022 à 17 h 56 min.