Les cimetières catholiques

Les cimetières au Québec ont poursuivi, tout au long de l’histoire, une évolution qu’on peut diviser en trois périodes : XVIIe, XVIIIe, et XIXe siècles. En Nouvelle-France, on reproduit les pratiques héritées du Moyen-Âge, consistant à enterrer les morts dans un  enclos, à côté de l’église. La hiérarchie sociale est respectée : les clercs et les laïques plus riches sont souvent enterrés à l’intérieur de l’église. À cette époque, on peut parler de cimetières catholiques, puisque sous le Régime français, les catholiques et les protestants devaient être enterrés dans des lieux différents. À l’époque, on enterrait les morts d’une même famille les uns par-dessus les autres, ce qui entraînait souvent une élévation du niveau du sol du cimetière. Aujourd’hui on peut visiter des cimetières qui datent de cette période à Saint-Mathias-sur-Richelieu (1818), Saint-Pierre-de-l’île-d’Orléans et à Saint-Paul de Joliette. Des problèmes d’hygiène et de manque d’espace sont à la source de l’évolution des cimetières vers le milieu du XIXe siècle.

Le XIXe siècle

cimetière Notre-Dame-des-Neiges
Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, Montréal © CPRQ 

Un décret gouvernemental de 1855 interdisant la pratique de l’inhumation en ville entraînera l’aménagement des cimetières dans des zones périphériques. C’est à cette époque, entre 1848 et 1879, que l’on construit quatre cimetières dans la ville de Québec : le Mount Hermon (1848), le Saint-Charles en basse ville (1855), le Belmont à Sainte-Foy (1859) et le St. Patrick à Sillery (1879). À Montréal, on construit, en 1848, le grand cimetière Notre-Dame-des-Neiges, sur les flancs du mont Royal. Avec ces nouveaux cimetières, on change la pratique de l’ensevelissement, qui se fait dorénavant en plaçant les corps à côté l’un de l’autre, dans des lots familiaux. Dans les campagnes, l’éloignement des cimetières du noyau du village se fait progressivement.

Toutefois, le détachement du cimetière de l’église provoque la perte de son caractère sacré, et sa gestion est assurée non pas par les clercs, mais par des laïcs. En raison de cette nouvelle situation, on cherche à lui redonner un certain sens de la sacralité, ce qui sera fait par l’installation de représentations et d’ornementations religieuses de toutes sortes : stèles, sculptures d’anges, calvaires, images de saints, etc. Le tout formera un ensemble jardiné qui marie le végétal et le minéral, ce qui en amènera certains à parler de cimetières-jardin.

Depuis 1970

parc-cimetière
Parc-cimetière Urgel Bourgie, Rive-Sud

On a assisté, depuis 1970, à la mise en œuvre de grands parcs-cimetières loin des grandes agglomérations urbaines, dont la vocation est de desservir de grandes zones. Il s’agit d’entreprises privées sans aucun lien avec l’Église. L’inhumation est discrète et parfois, seule une plaque indique le lieu de l’enterrement. Avec cette nouvelle modalité, on coupe définitivement le lien qui existait entre l’église et le cimetière, qui s’était déjà affaibli avec les cimetières-jardins, en séparant complètement les dimensions sacrée et profane.

Ce contenu a été mis à jour le 10 août 2022 à 20 h 05 min.